Égarée dans une salle obscure mardi soir, pensant aux personnes avec qui j'aurai pu partager ce moment cinématographique, je fus surprise dès le générique. Une inscription de ce dernier suscita mon intérêt et raviva ma mémoire à court terme : "Concha de Oro 2012, San Sebastien".

Quelques semaines plus tôt, nous nous perdions à San Sebastien en plein festival de film. Équipés de nos chaussures de rando, et tandis que nous longions un tapis rouge bordé de nymphes en mode blingbling faisant le pied de grue dans l'espoir d’apercevoir Ben Affleck, nous nous demandions ce que les Espagnols Basques décernaient aux meilleurs acteurs/réalisateurs/films/espoirs... L'ours, la palme et le lion étant déjà pris, que restait-il comme récompense disponible?

Réponse en image donc, ce mardi à l'UGC... après hésitation, j'optai pour le film "Dans la Maison" de François Ozon. Le thème atypique, les acteurs (Fabrice Luchini, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner) ont eu raison de l'aspect "hitchcockien" de la bande annonce (oui je suis une chochotte).

Promené pendant 1h40 par le récit d'un jeune homme dans la vie de son ami "normal" Rapha, dans la maison "normale" de Rapha et dans la famille "normale" de Rapha,où on parle de sujets "normaux", le public est rapidement bien incapable (tout comme le prof de français à l'origine de la rédaction) de faire la part entre réel et imaginaire. Servi par des dialogues succulents, le film oscille entre ironie et jeu dangereux... on attend (presque impatients) que l'histoire bascule, que le "normal" ne le soit plus, sans le souhaiter vraiment pour des personnages devenus sympathiques. François Ozon maintient le suspens jusqu’au bout, ne dévoilant le dessein de son narrateur insaisissable, Claude Garcia, qu'à la toute dernière minute du film.

Au-delà de l'étonnement que suscite le film, la découverte majeure reste ce jeune acteur de Cherbourg, Ernst Umhauer. Sans faire d'ombre à ses aînés - excellents également-, il fascine littéralement. Tantôt fragile, manipulateur, machiavélique ou angélique, toujours mystérieux, l'intrigue entière repose sur lui.

C'est donc toute curieuse, et d'ores et déjà en accord avec la décision du jury du festival de film de San Sebastien, que je me renseignai auprès d'un collègue espagnol : qu'est-ce donc qu'une "Concha"? La Concha est simplement un coquillage, comme la coquille des pèlerins de Saint Jacques. Cette récompense fait référence à la plage de San Sebastien (en forme de croissant de lune, ou de coquillage selon le regard!) qui s'appelle "La Concha"!

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